
« Pour une couverture professionnelle et pluraliste »
Une vingtaine de participants issus de plusieurs villes marocaines (Casablanca, Rabat, Fès, Beni Mellal, Kénitra, Tiflet, Tanger, Agadir et Tata) travaillant dans des médias nationaux et régionaux et couvrant les actualités liées à la migration et les déplacements forcés ont répondu présent à l’événement et ont fait preuve d’une implication exemplaire.
Jour 1 :
Le premier jour de la formation a démarré par une présentation globale de MADAR Network Plus et du RMJM.

Rajaa Essaghyry, coordinatrice générale de MADAR a d’abord remercié les participants de leur présence et leur a ensuite présenté le travail mené par le réseau MADAR et en particulier ses activités au Maroc ; notamment celles qui sont en cours de finalisation, à savoir un film documentaire sur la vie quotidienne des migrants au Maroc et une étude de recherche sur le contexte migratoire et cadre juridique de la migration et déplacements forcés au Maroc. L’étude mettra en avant les rôles des organisations de la société civile, les évolutions et les lacunes du cadre juridique national et international qui régit la question de la migration et des déplacements forcés, les chiffres-clés comprenant les dates et les événements majeurs ayant eu une influence sur le contexte marocain et finira avec une série de recommandations sur ce qui devrait être fait en termes de lois, de leurs exécutions par le gouvernement et en termes de travail de la société civile (travailler par la culture pour changer les mentalités, combattre le racisme et la xénophobie).
Salaheddine Lemaizi, journaliste marocain, fondateur de ENASS Médias (le média des sans voix au Maroc), défenseur des droits humains et président du RMJM, a d’abord insisté sur l’importance du travail mené par MADAR Network + sur le terrain marocain et dans le monde, pour présenter ensuite les actions du RMJM et l’importance de la continuité du plaidoyer dans la vie de tous les jours.
Il a invité les participants à se présenter en tour de table et a enchaîné par la présentation du programme complet de la formation.
Première intervention dans la formation :
Miryame Massaia : Senior Communication Assistant chez OIM, l’Organisation Internationale pour les Migrations, Bureau de Rabat.
Miryame démarre son intervention par l’introduction de l’OIM : en tant qu’organisation intergouvernementale qui promeut depuis 1951 une migration humaine et ordonnée, l'OIM joue un rôle clé pour soutenir la réalisation des différents domaines d'intervention qui relient à la fois l'aide humanitaire et le développement durable.
La Mission de l’OIM Maroc concentre ses activités autour de trois axes thématiques, à savoir l’axe protection et résilience, l’axe migration, gouvernance et développement et, enfin, l’axe d’appui à la jeunesse.
Son intervention s’est concentrée principalement sur la présentation des définitions-clés et des principaux concepts de la migration :
● La migration nationale et internationale
● Les raisons de migrer
● La mondialisation et la régionalisation des flux
● La migration forcée et les déplacements
● Le trafic illicite des migrants
● Les étudiants internationaux
● Les réfugiés et les demandeurs d’asile
● Les notions économiques liées à la migration
Elle a également distribué aux participants le guide du journaliste réalisé par l’OIM qui se veut une référence dans la couverture médiatique de la migration fondée sur le droit international et des données factuelles.
Deuxième intervention dans la formation :
Sarah Mokadader : Responsable Communication et information publique, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, UNHCR Maroc
Ass Hagouchi - Responsable Communication, UNHCR Maroc
Leur intervention a couvert les sujets suivants :
1- Présentation de l’histoire de l’UNHCR : L’agence des Nations Unies pour les réfugiés a été créée en 1950 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour venir en aide aux millions d’Européens qui avaient fui ou perdu leur foyer. Elle avait un mandat de trois ans pour accomplir son travail et devait ensuite disparaître. Aujourd’hui, plus de 70 ans plus tard, l’organisation est toujours active, protégeant et venant en aide aux réfugiés du monde entier.
2- Terminologie des mots : comprendre et pouvoir différencier entre :
● Demandeur d’asile.
● Réfugié.
● Apatride.
● Rapatrié.
3- Distinction entre le Pacte mondial sur les réfugiés et le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Il s’agit de deux documents entièrement différents.
Le premier a pour objectifs de :
● Alléger la pression sur les pays d’accueil ;
● Renforcer l’autonomie des réfugiés ;
● Élargir l’accès aux solutions dans des pays tiers ;
● Favoriser les conditions d’un retour dans les pays d’origine en sécurité et dans la dignité.
Tandis que le deuxième oeuvre à réduire les risques et les vulnérabilités auxquels sont exposés les migrants aux différentes étapes de la migration d'en promouvant le respect, la protection et la réalisation de leurs droits de l'homme et en prévoyant la fourniture d'une assistance et de soins, et atténuer les facteurs négatifs et structurels qui empêchent les individus de trouver et de conserver des moyens de subsistance durables dans leur pays d'origine et les forcent à rechercher un avenir ailleurs.
4- Le travail de l’UNHCR au Maroc, quelques chiffres :
● 9379 réfugiés enregistrés à l’UNHCR Maroc, issus principalement de la Syrie, du Yémen, de la République centrafricaine, du Soudan du Sud et de la Côte d’Ivoire.
À la fin de cette première session de la formation, il s’en est suivi une heure de questions/réponses avec les participants.
Les trois intervenantes ont apporté des clarifications autour des questions des demandes d’asile, du droit international et notamment autour du conflit récent Ukraine/Russie.
Plusieurs chiffres clés ont été partagés avec les participants pendant la formation, notamment sur le pourcentage des migrants dans le monde (3,6%), le nombre des Marocains demandeurs d’asile dans le monde (4500). Contrairement à ce qui est véhiculé à travers les médias, la migration sud-sud est plus importante que la migration sud-nord.
Pause déjeuner et constitution des groupes de travail
Troisième intervention dans la formation :
Hicham Houdaifa - L’esprit du terrain : journalisme narratif et d’investigation - Conseils pratiques
Journaliste depuis 1996, Hicham a travaillé pour plusieurs organes de presse, notamment Al Bayane, où il a tenu la rubrique Société. Entre 1999 et 2002, il a été correspondant d’Afrique Magazine à New York. Il s’est aussi occupé des pages Société du Journal hebdomadaire, d’octobre 2004 à la fermeture du magazine en janvier 2010.
Durant son parcours, Hicham Houdaïfa a essentiellement travaillé sur des sujets sociétaux : liberté de culte, droits des femmes, situation des migrants … Il est également cofondateur d’EN TOUTES LETTRES, maison d’édition spécialisée dans l’essai journalistique, où il dirige la collection Enquêtes, et membre actif du Réseau marocain des journalistes de la migration (RMJM).
L’intervention de Hicham a duré une heure pendant laquelle il a partagé avec les participants sa passion pour le journalisme d’investigation en présentant des conseils pratiques tirés de sa propre expérience.
Il avancé que dans le terrain, la curiosité est le mot-clé et que tout est matière d’investigation : cela peut commencer par « l’enfant » qui travaille dans l’épicerie du quartier et finit par le démantèlement d’un réseau d’exploitation de mineurs.
Hicham a également présenté son enquête autour de l’extrémisme religieux à Tanger en assurant les éléments clé de tout travail d’enquête :
● Repérage : Repérer toute personne capable d’aider dans l’enquête (Les personnes du quartier, la société civile …) en commençant par leur présenter exactement les motivations du travail journalistique. Quand les personnes voient que ledit travail va servir l’intérêt public et la vérité, elles donnent toutes les ressources dont le journaliste a besoin.
● Recherche : Un travail de recherche est primordial avant d’entamer le terrain.
● Collecte d’informations : Écrire tout en faisant le travail de terrain afin de ne pas perdre l’ambiance qui doit donner de la couleur au texte.
● Quelques règles du journalisme d’enquête :
- Toutes les recherches doivent être épaulées par la data.
- Les journalistes doivent être à la place des citoyens et du peuple.
- Ne pas donner de leçons, ne pas parler à la place des gens.
- Toutes les questions sont importantes.
- Le doute est la base de tout travail journalistique sans pour autant devenir paranoïaque.
- Le journaliste n’est l’ami de personne.
- Prendre le temps d’aller vers d’autres structures.
- Être honnête par rapport au rendu journalistique.
- Être véridique par rapport au terrain.
- Un reportage n’est pas une enquête.
Hicham a ensuite distribué à tous les participants le livre « Migrations au Maroc ! L’impasse ? » qui est un travail collectif des journalistes du réseau de la migration.
Quatrième intervention dans la formation :
Khadija El Souary - GADEM
Chargée du volet « interculturalité - confluences marocaines »
Militante associative, Khadija a choisi de rentrer au Maroc et de consacrer sa carrière aux sujets liés à la migration, étant donné qu’elle est elle-même issue de l’immigration. L’intervention de Khadija a été brève mais dense.
Elle a commencé par présenter les travaux de l’association GADEM (Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants) dont les missions consistent à contribuer à la mise en œuvre effective des droits des personnes étrangères et migrantes, et d’œuvrer pour le respect de la dignité et l’égalité de traitement pour tou-te-s, et contre toutes les formes de discrimination et de racisme.
Au sein du GADEM, Khadija s’occupe, entre autres, du volet ‘confluences marocaines’ qui met en place de différentes actions, on peut citer :
● Élaboration d’outils de vulgarisation, de sensibilisation et de formation pour la déconstruction des préjugés et stéréotypes sur les migrations, une meilleure appropriation des notions en lien avec les échanges interculturels et les discriminations, et permettant une meilleure compréhension des questions liées aux migrations ;
● Organisation d’ateliers de sensibilisation et de formation auprès d’un public mixte professionnel et grand public, et de tous âges ;
● Organisation d’activités culturelles et artistiques, ou autres, pouvant permettre la rencontre, et les échanges/débats sur des questions en lien avec les migrations et la lutte contre les discriminations et le racisme ;
Elle a poursuivi avec la présentation de la deuxième édition du rapport ‘État des lieux des discriminations au Maroc’ réalisé par le GADEM que nous pouvons retrouver dans ce lien.
Ce nouveau rapport a pour objectif d’actualiser l’état des lieux des discriminations au Maroc en 2019 de poursuivre le monitoring des politiques publiques en termes de lutte contre les discriminations et d’approfondir son analyse d’impact sur la société. Elle a invité tous les participants à le télécharger et à l'étudier en profondeur afin de l’avoir comme une sorte de mini-guide.
Concernant la couverture médiatique des sujets liés à la migration, Khadija a insisté sur l’importance de cerner la différence entre les termes racisme, discrimination, intolérance et xénophobie, et de ne pas utiliser les termes qui criminalisent les individus (clandestin, irrégulier…)
Jour 2 :
Travail sur le terrain - Simulation d’un reportage journalistique

Les groupes constitués lors du premier jour de la formation ont passé toute la matinée à travailler avec des acteurs du terrain à Casablanca afin de préparer un simili-reportage.
Chaque groupe a travaillé avec une structure ou organisation distincte;
● Minority Globe,
● Association Banque de la Solidarité,
● Marché Sénégalais de Casablanca,
● Mbay Khadim, journaliste et migrant
Atelier d’écriture - Salaheddine Lemaizi
De retour vers le lieu de formation, les groupes ont assisté à un atelier d’écriture animé par Salaheddine Lemaizi pendant lequel ils ont pris le temps de faire un débrief des images et déclarations prises pendant la sortie de terrain.
Salaheddine a guidé chacun des groupes en leur donnant des pistes et des méthodes pratiques pour les aider à rendre leurs travaux professionnellement plus intéressants.
Activité pratique : Sources ouvertes des migrations autour des données - Salaheddine Lemaizi
Le journaliste Salaheddine Lemaizi conclut cet atelier de formation et de production avec une présentation des nombreuses sources ouvertes et disponibles des données de la migration ainsi que des recommandations sur comment interpréter ces informations et les reprendre de manière objective.
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Présentation des ébauches des travaux
Remise des certificats de participation à la formation.

Mot de clôture :
Pour MADAR, Rajaa Essaghyry
Pour RMJM, Salaheddine Lemaizi
SENICAR bénéficie du soutien de Racines Aisbl.
MADAR est financé par le UKRI AHRC Global Challenges Research Fund (GCRF) Collective Programme (Network Plus)